Le taulier de la "Boîte à images" (voir http://laboiteaimages.hautetfort.com) a lancé un jeu qui consiste à écrire un texte selon des règles bien précises.
Pour le quatrième jeu (voir son billet du 28 février 2006), le texte doit répondre à deux images données et [1] prendre la forme d'un "article de guide touristique, décrivant la vie et les moeurs des habitants de ce lieu. [2] [Expliquer] leur activité principale si particulière en [s']inspirant de ces deux images, liées par un rapport de cause à effet ; [3] [inciter] le voyageur curieux à faire un indispensable détour par cet endroit ; [4] [le] style pourra s'inspirer des récits de Nicolas Bouvier ; [5] [le] texte devra mesurer environ mille signes".
Kanbara, seizième station du Tokaïdo, par Ando Hiroshige
Illustration de Quint Buchholz
Ci-dessous ma contribution pour la Boîte à images le 10 mars 2006.
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Partir à la découverte du Japon sans passer l'hiver sur l'île d'Oya, c'est se priver d'une expérience sublime, insensée, ineffable.
L'hiver est l'époque où les insulaires pratiquent les rites ancestraux de l'exploration spirituelle qui les amènera, au terme d'une quête intérieure, à chercher un chemin de purification à travers leur campagne enneigée. Y parvenir une fois, c'est atteindre l'état de connaissance de soi ; une expérience presque mystique, assurément magique.
Marcher dans la neige, en avant, en élan ; écouter le crissement doux de l'hiver et se souvenir de celui, mélodieux, de l'été ; enfoncer un pied puis l'autre dans les cristaux scintillants ; avancer vers une promesse merveilleuse, porté par le rythme magique des enjambées de neige, et puis s'élever au-dessus du tapis ouatiné, l'esprit enfin libéré.
Il faut avoir reproduit dans un environnement familier cet apprentissage inoubliable de l'ouverture de l'âme pour comprendre que la lévitation est alors devenue votre réalité.
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La production de Nicolas Bouvier est certes intéressante, toutefois, il suffit parfois d'un petit grain de sable pour vous gâcher l'oeuvre d'un artiste ; dans "La guerre a huit ans", son très bref commentaire sur les corneilles, assorti d'un hautement suspect "fondé par l'étude", ne peut que faire ricaner les ornithologues, fussent-ils amateurs ; en tout cas, son travail m'apparaît depuis sous un autre angle, moins amène.
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